N°51 | La confiance

Lars Hellwinkel
La Base navale allemande de Brest
1940-1944
Lars Hellwinkel, La Base navale allemande de Brest, Presses universitaires de Rennes

L’histoire de la Seconde Guerre mondiale n’en finit pas de livrer des témoignages toujours plus riches, voire surprenants, les uns que les autres. Cet ouvrage, issu d’une belle thèse sous double tutelle allemande et française, présente de façon très complète la constitution, la place et le rôle de la base navale allemande de Brest. Lars Hellwinkel ouvre en particulier un chapitre important et peu connu de la coopération militaire de la France de Vichy avec l’occupant, en étudiant le rôle de la Marine nationale dans le soutien à la Marine allemande. En quelques semaines de juin 1940, l’ensemble du rivage atlantique est tombé dans l’escarcelle de la Kriegsmarine. Le 18, la base de Brest est abandonnée, les navires sabordés. Les Allemands l’occupent dès le lendemain. Mais ceux-ci sont incapables de subvenir à son entretien et à sa défense, d’autant plus que la communication entre leurs trois armées (terre, mer et air) est très mauvaise. Près de 80 % des ouvriers français de la base vont alors contribuer au renflouement des bateaux sabordés, à la construction d’abris bétonnés, à l’immersion de mines, à la réparation des canons… La population ne s’est d’ailleurs pas privée de taxer les marins de « collaborateurs ». N’ont-ils pas été remerciés à plusieurs reprises par les autorités allemandes pour leur état d’esprit de « bonne collaboration » ? Il est vrai que l’amiral Darlan a été en charge du gouvernement de Vichy en 1942… Mais c’est aussi grâce aux informations apportées par le lieutenant de vaisseau Alain Philippon, devenu jardinier sur la base, et son radio Anquetil (arrêté, il sera torturé à mort sans donner de noms), que l’aviation anglaise sera si efficace, détruisant sans relâche des bâtiments allemands. Il sauvera l’honneur et sera fait amiral. Les ordres donnés à la garnison allemande de Brest étaient « de défendre le port jusqu’au dernier homme, pour rendre ainsi possible la continuation de la guerre sous-marine ». Assiégée à partir du début du mois d’août 1944, régulièrement bombardée, perdant chaque jour des hommes et du matériel dans une ville qui n’est plus qu’un tas de ruines, la garnison se rend le 19 septembre au soir. Une belle et précise étude qui laisse cependant un goût amer.


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