« Au total, les “Années folles” auront été, aussi, de folles années de guerre », écrit François Cochet, professeur émérite de l’université de Lorraine-Metz en histoire contemporaine, en conclusion de cet ouvrage collectif qu’il a dirigé. C’est en effet l’analyse que ne manquera pas de faire le lecteur après avoir parcouru les dix contributions d’historiens spécialistes de cette période.

Ce livre offre une vision très large de la question du règlement de la Première Guerre mondiale avec, en particulier, le traité de Versailles dont « la principale faiblesse a été de ne pas associer les Allemands à la définition du nouveau système international » (p. 40), et des conflits de la décennie qui suit. Un constat domine : « Un singulier écart se manifeste dans les faits et les actes par rapport aux discours et déclarations durant ce temps des guerres de continuation de la période 1918-1925 » (p. 321). Ces dernières ont des natures variées. Sont notamment abordés la guerre du Rif, une révolte anticoloniale et un laboratoire de la guerre irrégulière (par Julie d’Andurain), les conflits et violences de sortie de guerre dans la sphère britannique (Inde et Irlande, notamment, par Philippe Chassaigne), l’avènement du fascisme en Italie (par Emmanuel Mattiato), les différentes façons de s’opposer au bolchevisme (par Olivier Dard), ou encore le climat de violence intense en Allemagne de 1919 à 1924 (par Sylvain Schirmann). Un excellent ouvrage qui interroge d’une autre façon la Grande Guerre et ses conséquences. Il permet de décaler le regard sur la notion de sortie de guerre, habituellement centrée sur la paix, et sur rapport au traitement coutumier des « Années folles », généralement étudiées sous leurs aspects culturels et sociétaux.