N°50 | Entre virtuel et réel

François Cailleteau
Décider et perdre la guerre
Paris, Economica, 2021
François Cailleteau, Décider et perdre la guerre, Economica

Auteur de nombreux ouvrages sur les questions militaires et stratégiques, François Cailleteau propose ici une réflexion sur le processus de prise de décision conduisant à la déclaration de guerre, alors que l’on pouvait objectivement considérer que les chances de victoire étaient fort réduites. Pour ce faire, il s’efforce de « systématiser » et de classer les guerres perdues par ceux qui les ont déclarées à travers seize exemples regroupés en six chapitres : « À côté de la plaque » (« On a soigneusement visé un objectif et on l’a manqué »), « Un léger décalage » (« Des responsables se lancent dans des actions en décalage avec les réalités qu’ils auront à affronter et les moyens dont ils disposent »), « D’un cœur léger » (« Des entrées en guerre sans guère de réflexion, sans véritable but de guerre ou avec un but chimérique, sans examen sérieux du rapport de force et sans allié »), « Perseverare diabolicum » (« Deux cas emblématiques, ceux de deux des puissances alors majeures qui, dans la seconde moitié du xixe siècle et le début du xxe, ont subi une succession de revers sans avoir été en mesure  d’arrêter cet enchaînement qui a amené à leur disparition ») et « La folie des grandeurs » (« Les dirigeants de grandes nations se sont lancés dans d’immenses aventures sans véritable nécessité ni chances raisonnables de réussir et les ont poursuivies jusqu’à ce que la réalité les rattrape »). Chaque épisode (la campagne de Russie de 1812, l’expédition de Suez, l’aventure mexicaine de Napoléon III, Barbarossa…) est rappelé en quelques pages et l’auteur insiste sur les motivations, les justifications et le processus de prise de décision qui aboutissent à la déclaration de guerre. On peut bien sûr ne pas adhérer à telle ou telle affirmation ou conclusion partielle, voire contester telle ou telle présentation trop rapide des faits, mais l’ensemble de ce petit volume qui se lit avec aisance est cohérent et souvent convaincant. Il offre par ailleurs l’intérêt d’amener le lecteur à réfléchir sur des campagnes que l’on croit parfaitement connaître, en abordant leur présentation sous un angle nouveau.

PTE

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