Vincent Lazerges est officier de chasseurs alpins et a été déployé à plusieurs reprises en opération extérieure, notamment en Afghanistan. Doctorant à l’ehess, ses travaux de recherche portent sur l’expérience combattante en Kapisa de 2008 à 2012. Dans cet excellent essai, il livre une première étape de cette entreprise intellectuelle. Il y décrit en détail et chronologiquement une journée de combats en Afghanistan : l’opération Black Eight, menée par un sous-groupement tactique interarmes du 1er régiment de chasseurs parachutistes aux environs de Mobayan, le 7 septembre 2011, entre 3 h et 14 h 30. C’est au cours de cette opération qu’un soixante-quinzième militaire français est tué : le lieutenant Valéry Tholy, du 17e régiment du génie parachutiste. Plusieurs autres sont blessés grièvement. Leur évacuation, épique et pleine de courage, est l’un des moments forts du livre. C’est également au cours de cette même action que la journaliste de TF1 Patricia Allémonière est blessée. Pour expliquer ce qui se passe « derrière la fumée du combat », rendre compte de ce qui s’y joue, Vincent Lazerges s’appuie essentiellement sur les témoignes d’acteurs des combats de Mobayan qu’il a recueillis : celui du capitaine JBG, officier adjoint de la compagnie parachutiste ; celui de l’adjudant AC, celui du chef de section ; le lieutenant-colonel SC, celui du chef des opérations, et celui du commandant CG, médecin de la compagnie. En élaborant un dialogue à partir de ces témoignages, en les analysant et en les faisant résonner avec des sources secondaires, il réussit remarquablement cette entreprise sans perdre de vue l’« incertitude irréductible » du récit de ce type d’événement « dans la mesure où la configuration asymétrique des combats rend difficilement imaginable d’obtenir une version des faits, celle des insurgés ».