N°44 | La beauté

Laurent Olivier
César contre Vercingétorix
Paris, Belin, 2019
Laurent Olivier, César contre Vercingétorix, Belin

Qui a réellement été le chef gaulois et quelle a été sa postérité ? C’est à ces questions que Laurent Olivier s’attache à répondre en plus de six cents pages, travail remarquable d’érudition et de précision d’une lecture aisée et agréable. En quatre grandes parties (« Une vieille affaire », « Tu mens, César », « Rendez-nous Vercingétorix ! » et « Le retour de Vercingétorix »), il fait un tour complet de la question. Il présente d’abord les protagonistes du drame et rappelle ce qu’étaient l’organisation politique de la Gaule avant la campagne de 52 av. J.-C., la place des Arvernes dans cet ensemble et la puissance de la famille de Vercingétorix. Dans la deuxième partie, il s’intéresse à la personnalité de César, à son ambition, à la rédaction de ses Commentaires sur la guerre des Gaules et à l’utilisation faite de ce récit. Il reprend jusque dans le détail du vocabulaire l’ouvrage du chef romain pour en faire une lecture critique, riche d’enseignements : « Il faut donc désacraliser, en quelque sorte, le texte de César et relativiser le témoignage que celui-ci nous donne de la conquête de la Gaule et du personnage de Vercingétorix. » La troisième partie s’attache à rechercher dans la longue durée, au fil des siècles, la marque des Gaulois et de Vercingétorix dans la littérature et l’histoire de France, jusqu’au xixe siècle, pour atteindre « la dimension romantique du personnage de Vercingétorix, héros accomplissant lui-même son propre sacrifice ». La période du Second Empire est bien sûr longuement analysée, qu’il s’agisse des publications des historiens du temps, des sous-entendus politiques ou des fouilles archéologiques (Alésia, Gergovie, Bibracte, Uxellodunum). Vercingétorix devient dès lors une figure emblématique de notre histoire, celle du « premier des Français ». La quatrième partie enfin revient sur les publications et les analyses de la période la plus récente, depuis 1945, durant laquelle la figure du chef gaulois connaît des hauts et des bas (jusqu’à en faire un menteur et « un agent provocateur aux ordres de César », un « idiot » ou un simple « réactionnaire »), et sur l’interminable débat relatif à la localisation du site d’Alésia. L’auteur fait à partir de ces constats un point de situation assez complet de nos connaissances les plus actuelles sur la Gaule et les Gaulois, leur culture, les pouvoirs en place et leurs rapports. Un ouvrage passionnant. Au-delà du cas particulier de Vercingétorix qui en constitue le cœur et le pivot, il donne à voir et à comprendre la Gaule antique dans son ensemble.

PTE

L’Héritage des Lumières | Antoine Lilti
Michel Bernard | Hiver 1814