N°54 | Le temps

Volker Ullrich
8 jours en mai
L’effondrement du IIIe Reich
Paris, Passés Composés, 2023
Volker Ullrich, 8 jours  en mai, Passés Composés

La capitulation sans conditions de l’Allemagne le 8 juin 1945 survient une semaine après la mort d’Hitler. À l’échelle d’une guerre, c’est une durée bien courte. Pour les millions de combattants, de déportés, de prisonniers et de réfugiés, cela a dû paraître une éternité. L’enchaînement entre le suicide du Führer et l’arrêt des hostilités paraît naturel et évident. Volker Ullrich concentre son étude sur cette semaine où le iiie Reich exista sans Hitler. Sa plume emmène le lecteur des ruines de Berlin assiégée aux routes allemandes remplies pêle-mêle de combattants et de non-combattants de toutes nationalités en passant par la salle de classe de Flensburg où se réunit le gouvernement mis en place par le grand amiral Dönitz, désigné par Hitler avant son suicide pour lui succéder à la tête du Reich. Malgré un enchaînement parfois abrupt d’un paragraphe à l’autre, le propos est dynamique grâce au croisement entre petite et grande Histoire, entre récit des événements politico-militaires et extraits de journaux ou témoignages d’époque. Les nazis fanatiques ou trop compromis pour espérer une fin favorable tentent de fuir ou se suicident, tandis que d’autres profitent du fanatisme des premiers pour opportunément se donner par contraste une image de modérés. Les passages sur la façon dont les Soviétiques installent durablement leur influence en Allemagne de l’Est grâce aux communistes allemands exilés en Union soviétique sont également passionnants. Volker Ullrich montre bien que cette semaine de mai 1945 ne fut pas une parenthèse vide. Elle paraît au contraire démesurément longue lorsqu’il expose les illusions dans lesquelles vécurent les dirigeants du Reich. Alors que les armées allemandes reculent sur tous les fronts et sont coupées en deux ou encerclées, il faut de longs jours à Dönitz et à son entourage, persuadés de pouvoir négocier une fin de la guerre à l’Ouest afin de concentrer leurs efforts à l’Est, pour réaliser que la seule issue était la capitulation sans conditions. Si ce n’est les milliers de drames individuels qui se produisent durant ces huit jours de mai, la fin du Reich de mille ans est bien pathétique. L’arrestation du gouvernement de Flensburg fin mai par les autorités alliées met fin à la fiction d’un État allemand souverain. Sur les ruines de l’Allemagne se bâtit une nouvelle histoire, dont les racines invisibles plongent profondément dans celle de l’Allemagne nationale-socialiste vaincue. Nonobstant une traduction imprécise (appellations d’unités, grades, fonctions…), ce livre se lit aisément. La connaissance de ce cheminement donne du sens aux commémorations annuelles du 8 mai. Elle montre une nouvelle fois qu’il n’y a pas de déterminisme en Histoire. Restent les illusions et le fanatisme qui ne sont pas limités au dernier carré de dirigeants nazis


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