N°17 | Hommes et femmes, frères d’armes ?

Capitaine Jules Allard
Journal d’un gendarme, 1914-1916
Paris, Bayard, 2010
Capitaine Jules Allard, Journal d’un gendarme, 1914-1916, Bayard

Le gendarme est un militaire à part. Indispensable au maintien de l’ordre et de la libre circulation, il est aussi responsable de la prévôté, c’est-à-dire des enquêtes, des arrestations et de la garde des prisonniers. C’est pourquoi il n’est pas ou rarement reconnu comme auteur de conduites héroïques ou de faits d’armes glorieux. Il est même craint des soldats car il incarne la justice répressive. Ce témoignage n’en est que plus poignant. Tenu pendant les deux premières années de la Grande Guerre, ce journal d’un capitaine de gendarmerie sans pathos ni gloriole révèle l’horreur dans les combats quotidiens. La gendarmerie, en perpétuels mouvement et changement de corps d’armée, doit organiser les cantonnements, arrêter les pillards et les fuyards, enterrer les morts et subir le feu.

Si les récits de 14-18 sont loin d’être rares, celui-ci, aux côtés d’autres témoignages, comme ceux des médecins, prend le lecteur dans le tourbillon incessant des bombes, du sang, des cris, des peurs. Certes, l’abondance de détails techniques et géographiques finit par rendre difficile une attention soutenue, mais le témoignage de ce gendarme élargit notre connaissance de ce carnage sans égal.


Survivre au traumatisme | Jean-Yves Boyer
Eugène Carrias | La Pensée militaire allemande